Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) tient à exprimer sa profonde inquiétude face aux épreuves majeures que traverse actuellement le culte musulman en France.
Ces derniers mois, plusieurs décisions administratives ont gravement affecté le fonctionnement d’institutions musulmanes, nourrissant chez de nombreux citoyens de confession musulmane un sentiment grandissant d’injustice et de stigmatisation.
Parmi les faits les plus récents :
- La résiliation du contrat d’association avec l’État du lycée Averroès à Lille.
- L’annulation des trois contrats liant l’État au groupe scolaire Al Kindi dans le Rhône.
- L’arrêt de fermeture définitive du collège Avicenne à Nice.
- Les fermetures temporaires de lieux de culte musulman.
- Le gel des avoirs et la menace de dissolution visant l’Institut Européen des Sciences
Humaines (IESH) dans la Nièvre.
Le CFCM constate que, même lorsque des manquements ont pu être relevés, les juridictions administratives ont, à plusieurs reprises, jugé certaines décisions administratives disproportionnées et injustifiées au regard des faits reprochés. Ces décisions de justice ont permis de rétablir les droits de certaines institutions concernées.
Le Conseil souligne qu’il aurait été possible d’envisager des ajustements ou des mesures correctives, comme cela a pu être le cas dans d’autres établissements non confessionnels, placés dans des situations comparables. Ainsi, des lycées tels que Stanislas (Paris) ou Bétharram, malgré des controverses sérieuses évoquées notamment dans l’émission Complément d’Enquête sur France 2 ou des accusations graves d’agressions sexuelles, n’ont pas fait l’objet de sanctions administratives similaires.
Cette disparité de traitement est particulièrement visible et alimente un fort sentiment de deux poids, deux mesures chez les musulmans de France. Ce sentiment, s’il n’est pas pris en compte, constitue un terreau fertile pour la radicalisation et les discours extrémistes.
Le CFCM ne minimise en aucun cas les dérives qui peuvent exister chez certains individus ou institutions se réclamant de l’islam. Ces déviances appellent une réponse rigoureuse et sans ambiguïté. Toutefois, pour être véritablement efficace, cette lutte doit s’appuyer sur des décisions justes, proportionnées et fondées sur des faits établis. Elle doit également respecter les principes fondamentaux de notre pacte républicain, notamment l’égalité de traitement et l’égale dignité de tous les citoyens.
Des sanctions perçues comme arbitraires ou injustes ne font que renforcer les récits de confrontation et nourrir la défiance envers les institutions. Ce ne sont ni la République ni ses valeurs qui en sortent grandies, mais bien les extrêmes et la haine.
Le CFCM appelle les musulmans de France à continuer de privilégier les voies de recours légales et à maintenir leur confiance dans les valeurs de justice et de paix partagées par l’immense majorité de nos concitoyens.
Enfin, le CFCM rappelle aux pouvoirs publics que chaque décision administrative injustifiée, condamnée par les juridictions, laisse une trace durable dans la mémoire collective. Elle fragilise le lien de confiance entre les citoyens et leurs institutions, un lien pourtant essentiel à la cohésion nationale.
Paris, le 6 juillet 2025
Conseil Français du Culte Musulman (CFCM)