Dans «Le Figaro La Nuit» du mercredi 15 mai, interrogé s’il était islamophobe, Philippe Val a répondu par l’affirmatif en arguant que le terme islamophobie a été créé pour empêcher toute critique de la religion musulmane et en revendiquant son droit d’être phobique d’une religion.
Ces arguments nous sont servis depuis des années par des racistes notoires qui veulent cacher leur racisme sous les dehors acceptables de la liberté d’expression.
En effet, contrairement aux allégations de P. Val et consorts, le terme « islamophobie » est apparu dès 1910 dans les travaux de français spécialisés dans l’islam de l’Afrique de l’ouest pour dénoncer des comportements hostiles aux musulmans. Les dictionnaires de la langue française, comme le Petit Robert et le Grand Larousse, le définissent comme une forme particulière de racisme dirigé contre les musulmans. La Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU et les institutions européennes de lutte contre le racisme le considèrent également comme synonyme de racisme antimusulman.
Aussi se draper sous le fait que l’« islamophobie » serait utilisé par certains pour limiter la liberté de critiquer l’islam est un non sens qui fait fi de l’histoire du mot et de son usage largement admis dans la lutte contre le racisme antimusulman.
L’argument qui porte sur la « phobie » est également problématique quand on pense aux autres termes similaires comme « xénophobie », « judéophobie » ou « homophobie ». Et si on s’en tient à la signification littérale du terme, les actes anti-arabes seraient aussi des actes antisémites puisque les arabes sont aussi des sémites.
En réalité aucune des expressions utilisées dans la lutte contre le racisme n’est exempte de griefs ou d’usages impropres. Mais, force est de constater que ceux qui veulent réduire le terme « islamophobie » à la critique ou à la peur de l’islam ne condamnent jamais la haine du musulman. En refusant de mettre des mots pour la désigner, ils veulent aussi nier son existence. Ce faisant, ils incitent à la haine antimusulmane tout en ayant un totem d’immunité.
Paris le 21 mai 2024,
Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM)