La désignation d’un « bouc émissaire », utilisée depuis la nuit des temps pour jeter l’opprobre sur une minorité que l’on accuse d’être à l’origine de tous les maux, semble malheureusement porter ses fruits au pays des Droits de l’Homme.
Alors même que l’extrême droite n’est même pas encore au pouvoir, nous assistons déjà à une très forte recrudescence de la parole raciste et d’actes de violences physiques contre des citoyennes et des citoyens identifiés comme « arabo-musulmans ». La faiblesse, voire l’absence de réactions de nos élites et de nos médias face à ce nouveau cap franchi, nous inquiète profondément.
L’exacerbation de cette violence n’aurait pas été rendue possible sans le matraquage de certains médias. En reprenant sans cesse des thématiques, des théories et des éléments de langages de l’extrême droite, ces derniers ont grandement contribué à les banaliser et à promouvoir des idées d’intolérance, de haine et de division dans notre pays.
En effet, force est de constater qu’en offrant de larges tribunes sans contradicteurs à des influenceurs et promoteurs de l’extrême droite et en traitant l’actualité d’une façon biaisée, ces médias instaurent un climat anxiogène et de défiance à l’égard des Français de confession musulmane et des étrangers en général.
Ainsi, par exemple, les auteurs du crime antisémite qui a secoué notre pays et dans lequel une jeune fille juive de 12 ans a été victime d’un viol abject n’étaient pas « arabo-muslmans », mais tout a été fait pour laisser entendre le contraire. D’abord en occultant pendant des jours leur origine, puis en prétendant que l’un d’entre eux s’était converti à l’islam.
La forte progression du vote en faveur de l’extrême droite dans les milieux ruraux, où paradoxalement cette frange de la société qui fait office de bouc émissaire n’est pas ou très peu représentée, en dit long sur l’impact de ces médias sur la perception de l’opinion publique quant à la réalité sur le terrain.
Malgré les leçons que l’Histoire nous a enseigné, l’obsession maladive des origines, des noms et des couleurs de peau, revient en force et gangrène notre société.
Nous vivons des temps troubles qui vont sans aucun doute impacter durablement l’avenir de notre pays. Aussi, le CFCM appelle nos compatriotes de toutes origines et toutes confessions à se mobiliser massivement à l’occasion du rendez-vous décisif du 7 juillet prochain, afin d’endiguer la déferlante d’intolérance de haine et de division qui risque de s’abattre sur notre pays.
Paris, le 3 juillet 2024
Conseil Français du Culte Musulman