COMMUNIQUÉ : Rapport sur les « frères musulmans »: il ne doit surtout pas alimenter une suspicion généralisée à l’égard des musulmans de France

Le journal Le Figaro a récemment publié des extraits d’un rapport intitulé « L’islamisme politique et la mouvance des Frères musulmans » qui a fait l’objet d’une mission confiée à deux hauts fonctionnaires réputés pour leur connaissance du fait musulman.

La lutte contre l’extrémisme se réclamant de l’islam, qui nuit profondément à la vie des musulmans de France comme à celle de l’ensemble de nos concitoyens, est au cœur de nos priorités. Pour y faire face efficacement, nous avons besoin d’une évaluation lucide de cette menace, fondée sur des données rigoureuses et contextualisées, ainsi que d’une meilleure identification des acteurs qui en assureraient la diffusion.

Cependant, contrairement à la notion d’extrémisme, notamment sous sa forme violente, l’absence de définitions claires des concepts qui seraient utilisés dans ce rapport — “Frères musulmans”, “islam politique”, “entrisme islamiste” — entretient une confusion préjudiciable. Dans ce contexte, de nombreux citoyens musulmans ont aujourd’hui le sentiment de ne plus être à l’abri d’une suspicion permanente.

Dans l’attente d’un accès complet à ce rapport et à ses éléments précis, le CFCM exprime sa profonde inquiétude face aux possibles dérives et instrumentalisations des données rendues publiques, en particulier celles concernant des lieux de culte, des institutions, des associations et des individus présentés comme affiliés à la mouvance des “Frères musulmans”.

Le flou entourant l’identité de ces acteurs, combiné à la gravité des accusations portées, est de nature à jeter une suspicion injuste sur l’ensemble des structures musulmanes de notre pays. Cela risque de nourrir des fantasmes et des théories complotistes, dont les conséquences sont malheureusement bien réelles : stigmatisation, agressions, mise en danger de l’intégrité physique des Français de confession musulmane et attaques contre leurs lieux de culte, comme nous le constatons de plus en plus fréquemment.

Ainsi, une chercheuse qualifiée de “spécialiste du frérisme”, à qui de larges tribunes médiatiques sont offertes, n’a pas hésité à accuser publiquement un magistrat irréprochable d’être un “frériste”, pour la seule raison qu’il portait un nom à consonance maghrébine, qu’il avait réussi professionnellement et qu’il avait fondé une association d’aide aux étudiants issus des quartiers populaires.

Pour cette chercheuse, comme pour d’autres, le simple fait d’être musulman – ou perçu comme tel – et de réussir socialement semble suffire à faire naître le soupçon. Une telle vision est non seulement erronée, mais profondément dangereuse. Elle fracture notre société et contribue à marginaliser les Français de confession musulmane.

La lutte légitime et nécessaire contre l’extrémisme se réclamant de l’islam doit être accompagnée aussi d’une lutte contre les extrémistes des plateaux télé qui jouent de ces amalgames pour s’en prendre à toute une partie de la population. Ces dérives idéologiques ne doivent pas être banalisées.

Les français attendent des autorités davantage de discernement face à ces sujets, trop souvent dévoyés à des fins idéologiques, médiatiques ou politiques. Ils ont besoin de plus de clarté et de précisions pour éviter les confusions, les fantasmes, la haine et la peur.

Paris, le 21 mai 2025

Conseil Français du Culte Musulman (CFCM)

CFCM

Le Conseil français du culte musulman est une association française régie par la loi de 1901 qui a vocation à représenter le culte musulman en France auprès des instances étatiques pour les questions relatives à la pratique religieuse.

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