Depuis le 7 octobre 2023, nous assistons à une recrudescence des actes et propos islamophobes et antisémites. De nombreuses mosquées de France et citoyens de confession musulmane ont fait l’objet de menaces directes. Un déferlement décomplexé de la haine des musulmans s’exprime également sur les réseaux sociaux et sur des médias de grande audience.
Outre les délinquants récidivistes, auteurs habituels de déclarations antimusulmanes sur les chaines de télévision, un membre du conseil d’État, M. Arno Klarsfeld, a tenu en toute impunité des propos assimilant les musulmans de France à des terroristes en puissance sans qu’il soit rappelé à l’ordre et ce malgré les nombreux signalements dont il a fait l’objet.
Les présidents des deux chambres parlementaires de notre pays viennent d’appeler à une marche contre l’antisémitisme et pour exiger la libération sans condition des otages détenus à Gaza.
Le CFCM a toujours lutté et continuera de lutter contre l’antisémitisme. Ce dernier est un poison et une déchéance de l’esprit qu’il faut combattre sans relâche. Il doit en être de même pour toutes les autres formes de haine et de racisme qui sévissent actuellement, notamment à l’encontre des citoyens de confession musulmane. Aucune de ces formes ne doit être ignorée. La dignité de celles et ceux qui en sont victimes est la même, leur souffrance l’est également.
L’appel à la libération des otages innocents détenus à Gaza est une nécessité humanitaire. Le CFCM partage leur souffrance et leur angoisse et celles de leurs proches. Il est insoutenable de ne pas appeler en même temps à l’arrêt des bombardements aveugles qui, non seulement font des milliers de victimes dont une majorité d’enfants et de femmes, mais mettent aussi en danger la vie des otages.
En outre, ne pas appeler à la levée du blocus inhumain qui asphyxie plus de deux millions de personnes détenues dans une prison qui se transforme jour après jour en un charnier, est déplorable.
Cette marche qui a comme objectif exclusif de dénoncer l’antisémitisme sans un mot sur l’islamophobie n’est malheureusement pas de nature à rassembler. Elle peut en outre être interprétée par les islamophobes comme un signe d’impunité.
Le CFCM rappelle aussi que lors de la marche contre l’islamophobie du 19 novembre 2019, des responsables politiques et de cultes avaient refusé de défiler contre l’islamophobie au prétexte que figureraient dans le cortège des « islamistes ».
Le CFCM comprend donc la réticence des français de confession musulmane à défiler aujourd’hui aux côtés de racistes anti musulmans déclarés et assumés.
Le CFCM n’a pas de leçon à recevoir dans sa lutte contre l’antisémitisme et toutes les formes de haine. Il laisse à ses concitoyens la libre appréciation de participer ou non à cette marche.
Paris, le 8 novembre 2023
Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM)