Les palestiniens de Gaza sont soumis à des bombardements incessants depuis des semaines faisant plus de 8500 victimes et des milliers de blessés parmi les civils en majorité des enfants et des femmes. Ces populations souffrent terriblement au su et au vu de la communauté internationale, incapable d’imposer un cessez-le-feu ou de les protéger. De même, de nombreuses exactions sont commises contre les populations de la Cisjordanie par des colons extrémistes.
Aussi, le CFCM déplore que des hommes et des femmes de divers horizons puissent défendre, notamment dans les médias de notre pays, la hiérarchisation entre les victimes civiles. Leurs arguments nous rappellent ceux déjà utilisés dans des contextes sombres de l’histoire de l’humanité. Cette idée absurde, par laquelle ses promoteurs tentent de justifier les crimes commis contre des civils dont des enfants, est en rupture totale avec tous les principes et valeurs qui fondent notre pacte républicain, dont fait partie l’égale dignité des Hommes.
En outre, le CFCM déplore vivement qu’un membre du Conseil d’État puisse déclarer sur la chaîne Cnews que « Les musulmans, beaucoup travaillent sur les chantiers, ont accès à des explosifs, peuvent avoir accès à des armes à feu, s’il y avait un mot d’ordre pour tuer des juifs, il pourrait y avoir un attentat tous les jours ». Par sa déclaration, cette personne accuse à tort tous les honnêtes travailleurs de confession musulmane en les assimilant à des terroristes en puissance qui n’attendraient qu’un mot d’ordre pour passer à l’acte. Ce type de déclaration choquante et injustifiable ne peut qu’exposer les musulmans de France à la haine, et conduire à des tensions et des divisions au sein de notre société.
Par ailleurs, la préfecture de police de Paris a décidé d’interdire les manifestations pro-palestiniennes en mettant en avant le « critère immatériel et moral », tout en reconnaissant qu’il ne s’agissait pas d’une question de maintien de l’ordre. Dès lors, il est légitime de nous interroger sur ses décisions passées par lesquelles elle a autorisé des manifestations de groupes d’ultra-droite, qui faisait l’apologie de la haine. Pour autoriser ce genre de manifestations, la préfecture de police avait mis en avant son incapacité à prouver l’existence d’un risque caractérisé de troubles à l’ordre public.
Sans remettre en cause l’appréciation de la préfecture de la situation actuelle, nous pensons qu’il est difficile pour les citoyens que nous sommes de comprendre la pertinence de ces décisions qui peuvent exacerber un sentiment de deux poids deux-mesures et ses conséquences.
Face à cela, le CFCM appelle les forces vives de notre pays à persévérer dans la défense des principes et valeurs qui fondent notre pays, à appeler à un cessez-le-feu immédiat pour mettre fin aux massacres des civils et à un dialogue pour une paix juste, équitable et durable qui passe par la solution à deux États vivant côte à côte en paix et en toute sécurité.
Paris, le 1er novembre 2023
Le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM)