COMMUNIQUÉ : Le CFCM s’exprime sur les appels au boycott de l’achat de moutons pour l’Aïd al-Adha

À l’approche de l’Aïd al-Adha, la question du sacrifice rituel refait régulièrement surface dans le débat public, suscitant des prises de position diverses, parfois contradictoires.

Certains opposants à toute pratique religieuse musulmane remettent en cause ce rite millénaire. D’autres, invoquant la défense du bien-être animal, appellent à revoir, voire à supprimer, la dérogation légale permettant l’abattage rituel selon les rites juif et musulman.

Parallèlement, ces dernières années ont vu émerger des campagnes, souvent spontanées, initiées par des responsables de mosquées, appelant au boycott de l’achat de moutons pour l’Aïd. Deux raisons principales sont avancées : la hausse excessive des prix des bêtes à l’approche de la fête, et le manque de structures d’abattage agréées par les autorités.

Le CFCM tient à rappeler que le sacrifice rituel doit être accompli dans le respect strict des règles du bien-être animal, telles que prescrites par la tradition musulmane et la réglementation européenne. Il souligne également que ce sacrifice peut être réalisé durant les trois jours de la fête, et qu’il est possible d’y procéder par procuration, comme cela se fait pour les pèlerins à La Mecque.

Concernant les appels au boycott, le CFCM rappelle que ce sacrifice, bien qu’il soit une recommandation fortement conseillée (sunnah mu’akkadah), ne constitue pas une obligation pour ceux qui n’en ont pas les moyens, que ce soit sur le plan financier ou logistique.

Par ailleurs, selon la tradition prophétique, le tiers de la bête sacrifiée est destiné aux nécessiteux, un tiers aux proches et un tiers à la consommation personnelle. Ce geste incarne un esprit de partage, de solidarité et d’humanité, particulièrement bienvenu dans le contexte difficile que traverse notre société.

Le CFCM, bien qu’il ne dispose pas à ce jour de données précises sur les prix de cette année, a constaté par le passé des hausses de tarifs parfois déraisonnables. Certains y voient une conséquence normale de la loi de l’offre et de la demande ; d’autres dénoncent une forme d’abus. Face à cette situation, des appels spontanés au boycott sont lancés par ceux qui l’estiment une forme de réponse légitime.

Le CFCM, pour sa part, privilégie le dialogue, le respect mutuel et la recherche de solutions concertées. La fête de l’Aïd al-Adha représente un moment important, à la fois pour des milliers de familles musulmanes et pour les professionnels de la filière ovine. Il est essentiel de préserver cette relation de confiance bâtie au fil des années.

Le CFCM appelle les professionnels du secteur à faire preuve de responsabilité en évitant toute forme de spéculation qui pourrait faire naître un sentiment d’injustice ou de profit abusif “sur le dos des musulmans”. Une telle perception, si elle s’installe, serait difficile à effacer.

Il invite également les responsables religieux à évaluer avec lucidité les effets potentiels de ces appels au boycott, qui, s’ils répondent à des préoccupations compréhensibles, risquent aussi d’alimenter les discours de ceux qui souhaitent remettre en cause la liberté de culte.

Dans un contexte économique et social tendu, c’est par le dialogue, la solidarité et la confiance que nous pourrons préserver l’essence spirituelle de cette fête, tout en répondant aux défis actuels de manière apaisée et constructive.

Paris, le 17 avril 2025

Conseil Français du Culte Musulman

CFCM

Le Conseil français du culte musulman est une association française régie par la loi de 1901 qui a vocation à représenter le culte musulman en France auprès des instances étatiques pour les questions relatives à la pratique religieuse.

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